Du projet de carrière et d’une cimenterie géante, jusqu’au mitage des berges boisées par des cabanons, la volonté est la même : protéger la Seine et ses rives. Pour la première fois dix neuf associations locales ont rassemblé leurs observations, critiques et propositions dans un document unique. « Dans ce dossier de soixante pages, chaque association fait, en toute indépendance, le point sur son secteur géographique. Avec des moyens très modestes, ce travail d’un an se veut une contribution aux débats qui s’ouvrent, un moyen d’alerter les pouvoirs publics. Il traduit l’inquiétude et la volonté de chacune des associations », précise Juliette de Montalembert, présidente de la Fédération des Associations du Sud Seine-et-Marnais pour la protection de la Vallée de la Seine, fondée e 1977 et agréée depuis 1981 (siège au 9, allée de la Corniche 77310 Boissise-le-Roi).
Toutes ces associations militent pour trois mêmes objectifs : reconsidérer et améliorer ce qui existe, protéger les sites naturels encore intacts, et empêcher les dégradations irréversibles programmées.
D’abord respecter les lois
Et la liste est édifiante, tout autant que la tâche immense. En remontant le cours du fleuve on peut ainsi prendre quelques exemples cités et critiqués par les associations : un programme immobilier sur les îles de Seine-Port, les péniches logements trop nombreuses et polluantes en rive gauche à Saint-Fargeau-Ponthierry, l’accumulation d’industries, les scooters nautiques, le chemin de halage envahi de voiries, les berges envahies sans droits par des cabanons branlants, un antique transfo EDF près de Boissise, des terrains inondables remblayés à Samoreau, les abords du musées Mallarmé gachés par une entreprise à Vulaines, le projet d’extension en cours d’un supermarché à Chartrettes, un projet de golf et de 72 habitations à Livry, le site du port de plaisance de Samois, et aussi des remblais et des camions sur les berges, la station d’épuration périmée du district de Fontainebleau-Avon proche de Valvins, ou encore le projet de carrière et de cimenterie à La Grande -Paroisse.
Bien d’autres sites et observations sont citées dans ce catalogue. Peu de choses peuvent échapper aux riverains de la vallée, chacun dans leur coin. «Nous voulons avant tout que cessent les dérogations de toutes sortes, que les pouvoirs publics, des mairies jusqu’à l’Etat, soient plus vigilants et fassent appliquer les règles qui existent. Ce serait déjà un énorme progrès», souligne la présidente. «Ici ou là nous savons que nous nous attaquons souvent à fortes parties. Mais l’essentiel, c’est de vivre debout».
Une lisière de protection
«Il ne s’agit pas pour les associations de s‘enfoncer dans le regret du passé, mais tout au contraire d’imaginer et de tenter de réaliser l’avenir du fleuve», précise ce dossier. De cet avenir du fleuve, les pouvoirs publics n’ont pas attendu les associations pour s’en préoccuper. Chacun peut en apprécier le résultat, avec ses bons et ses mauvais points. Et finalement, ce dossier arrive au bon moment pour être un nouvel aiguillon auprès des autorités, alors que le S.I.E.P. de la région de Melun (syndicat de 18 communes) confirmait lundi son projet de réaliser une étude paysagère de la vallée de la Seine, et du rôle économique de la voie d’eau. Cette étude confiée à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile de france, devrait être menée, c’était la décision de ce lundi, en concertation, à l’amont, avec le S.I.E.P. de Fontainebleau et celui de «Seine et Loing», et à l’aval avec la commune de Nandy. Techniciens et riverains sauront-ils parler le même langage ?
En conclusion de ce travail, les associations préconisent par exemple des achats de sites par l’agences des espaces verts, des créations de circuits piétonniers et cyclables, des protections absolues de quelques sites à la végétation particulière, des réhabilitations d’espaces abandonnés, le respect de l’architecture. En demandant aussi que l’on puisse mettre en place une «lisière de protection du fleuve» comme cela existe déjà pour la protection des forêt, du littoral ou des rives lacustres.
D. Barry