La République
Publié le 24 juillet 2000
La nouvelle est tombée en fin de semaine! La centrale E.D.F. de Montereau-Vernou fermera ses portes en 2004. Une décision prise en raison de l’état de vétusté d’un équipement industriel aujourd’hui technologiquement dépassé. Le sort des140 employés, des dizaines de sous-traitants et les finances de plusieurs communes sont toutefois liés à cette installation.
Après trente-cinq années de service, la centrale thermique E.D.F. de Vernou-La-Celle, près de Montereau, va fermer ses portes. Elle cessera totalement de fonctionner en 2004, ainsi qu’en a décidé la direction face à l’état de vétusté de l’équipement. La mesure a été annoncée la veille du 14 juillet, ce qui bien sûr a provoqué la réaction consternée du personnel. La centrale thermique de Vernou-Montereau emploie encore 140 personnes sur le site et procure une manne fiscale non négligeable à plusieurs communes du secteur. Pour La Grande-Paroisse et Vernou-La-Celle, c’est une somme de 5 millions de francs par an qui est en jeu, sans même parler des très nombreux sous-traitants et des entreprises de service qui dépendent de l’activité de la vieille unité.
Vieille unité. L’expression n’est pas trop forte puisque c’est justement la vétusté de l’équipement et son obsolescence qui provoquent cette fermeture définitive programmée.
Dans une récente opération de contrôle décennale, les techniciens ont notamment repéré de graves problèmes. Une fissure structurelle a ainsi été détectée dans une tubulure d’une centaine de mètres de long. Un pépin majeur estimé à 5 millions de francs en coût de réparation qui, une fois de plus, a reposé la question de la survie générale de l’équipement. Etait-il nécessaire d’entreprendre des travaux si lourds sur une unité aujourd'hui à bout de souffle? La direction a réagi positivement en estimant que ce sursis permettrait de programmer et de planifier la fermeture définitive et totale pour l’année 2004. Le personnel et l’ensemble de l’environnement humain et social de la centrale ont donc quatre années pour se préparer à cette échéance fatale. On appréciera au passage le doigté d’une entreprise publique soucieuse de ménager son environnement humaine offrant quasiment quatre années de transition douce. Le secteur privé, en général, n’a pas ce genre de précautions
Lancée en 1965, à la«belle époque» des centrales au charbon, la centrale thermique de Montereau comprenait quatre tranches au départ. Transformée en centrale au fuel, elle sera ensuite surclassée ainsi que l’ensemble du parc thermique, lorsque E.D.F. lancera son programme nucléaire. L’installation de Montereau-Vernou réduite au fil des ans à une seule tranche de production subsistera toutefois comme unité d’appoint pour alimenter le réseau général en cas de baisse de production généralisée. Il reste aujourd’hui dix-sept tranches du même type sur tout le territoire. Dans le cas de Montereau-Vernou, l’équipement faisait depuis longtemps figure de dinosaure et sa rentabilité était de plus en plus remise en question si l’on considère son faible rendement annuel pour quelques centaines d’heures de fonctionnement par an seulement.
Si l’intérêt industriel de la centrale ne pèse que d’un faible poids, il n’en est pas de même en revanche pour son impact humain et économique. Avec cette fermeture, une commune comme La Grande-Paroisse perdra environ 1,3 MF de taxe professionnelle. Un préjudice encore plus lourd pour Vernou-La-Celle, la commune d’accueil qui, elle, ne dispose d’aucune autre ressource. Sans oublier bien sûr les dizaines de sous-traitants qui perdront là une manne précieuse et bien sûr les 140 employés. «En ce qui les concerne, E.D.F. s’engage bien sûr à les reclasser» confirme le directeur de l’unité, M. Charles Bonn.
Alors, pourquoi en 2004? Cette date butoir verra le début d’une autre grande auscultation de l’équipement qui ne manquera pas de détecter d’autres «aléas» entraînant bien sûr de lourds travaux. Il s’agit donc d’une décision de raison pour éviter toute fuite en avant. On avance le chiffre de 30 millions de francs de travaux. En ce qui concerne l’hypothétique reconversion du site, la direction E.D.F. n’exclut pas la construction d’une nouvelle filière de production. Une partie des 90 hectares pourrait être revendue. Bien sûr, il faudra d’abord démanteler la vieille carcasse.